This short text explores some realities of the ways Acadians integrated the Atlantic economy after the Expulsion of 1755-63. Although the fisheries became predominant all along the Gulf of St. Lawrence coast, Acadians also got involved in agriculture, forest industry, shipbuilding, etc.
Nicolas Landry
Ce texte s’inscrit dans le projet Ecologies, Knowledge, and Power Projections in the Gulf of St. Lawrence Region, c. 1500-present, sous la direction de la professeure Elizabeth Mancke de la University of New Brunswick et le professeur Joshua MacFayden la University of Prince Edward Island. Parmi les lignes directrices de cette démarche, mentionnons l’analyse des relations entre les communautés côtières autour du Golf Saint-Laurent. Pour notre part, notre recherche porte sur la période d’établissement acadien dans cette région au lendemain de la Déportation. Toutefois, cette série de textes courts désire informer le lecteur sur un certain nombre d’aspects venant compléter notre recherche soit les relations que les Acadiens entretiennent alors avec une triangulation des forces externes à leur groupe soit l’Église, les marchands anglo-normands et les gouvernements coloniaux. Entre autres, lorsque vient le temps de servir dans les forces de milice.
Ce billet n’aborde pas une activité économique en particulier, mais aspire plutôt à démontrer qu’une bonne partie des Acadiens du Golfe pratiquent une pluralité d’activités. Quoique la pêche joue un rôle central dans la région, la majorité des familles y ajoutent une agriculture de subsistance de même que la coupe du bois, la construction navale ou encore la chasse au morse et la pêche aux huîtres.
Exploiter la terre en contexte de prolétariat agricole
Après le traité de Paris de 1763, des Acadiens sont libérés des forts Cumberland, Edward, d’Halifax, d’Annapolis Royal et de Fort Frédéric à la rivière Saint-Jean. Certains d’entre eux sont déjà employés par les Britanniques aux travaux publics ou à la remise en opération des levées d’aboiteaux à compter de 1764. Et ce, au bénéfice de nouveaux colons anglo-américains ou Planters. Graeme Wynn estime qu’à la fin du XVIIIe siècle, il y a environ 7000 colons anglo-américains occupant les anciennes terres acadiennes. Il n’est cependant pas de ceux pensant que ces colons Anglos-protestants n’ont aucune maîtrise du système agricole des aboiteaux. Il estime plutôt que ces derniers commencent déjà à se familiariser avec ce système durant la Déportation[1].
N’empêche que certains Acadiens deviennent « métayers » de grands propriétaires de terre tels J.F.W. Des Barres, qui en recrutent dès 1760 pour les établirent à la « grand prée » de Ménoudie. Il répète le même processus pour ses terres de Napan-Mencanne. En 1766-67, Des Barres installe la famille de Jean Bourque à Ménoudie en lui fournissant des « instruments aratoires » en retour de la moitié de leur récolte[2]. En 1769, Des Barres propose une nouvelle entente avec neuf tenanciers acceptant de lui remettre une portion du produit de leurs récoltes (un tiers des grains) et de l’élevage du cheptel qu’il leur a fourni[3].
Il va de soi que le travail des marais constitue alors un héritage de l’ancienne Acadie, le marais étant au cœur de toutes les activités économiques et sociales de la communauté acadienne à Menoudie et Napan. Le travail se déroule souvent en clans apparentés, mais non sans tensions en certaines occasions. En 1795, le village de Menoudie est compact et compte une quarantaine de maisons ayant chacune un petit lopin de terre et des granges. Il s’y trouve alors 18 tenanciers et 8 familles de jeunes gens dépourvus de « biens » et demeurant chez d’autres habitants; « vivant à leurs crochets ou travaillant pour eux »[4].
Mais l’importance de la culture du foin de pré ne se limite pas au sud-est du Nouveau-Brunswick. Ainsi, au nord-est de la province, le foin « salé » est effectivement primordial à l’alimentation des bestiaux. Le foin salé pousse au « ras des marais, à l’embouchure des rivières et des barachois »[5]. Selon Philippe Basque, sa consommation accroît la soif des vaches qui consomment ainsi davantage d’eau, ayant pour effet d’accroître la production de lait. La coupe du foin de pré se déroule d’août à octobre et on l’entrepose sur une plateforme nommée « chafaud », érigé dans le pré à 60 cm du sol. Le foin y demeure jusqu’à l’hiver, lorsque le sol devient suffisamment gelé pour supporter le poids des chevaux ou bœufs pour le transport vers la grange[6]. Lorsque les terres sont distribuées aux colons du 17 juillet au 14 août 1809, l’on y indique à qui l’on offre des sections de terre cultivables et des marais ou se trouve du foin de pré. Dans ce cas-ci, l’on offre à 40 habitants des terres dans le marais, à 7 autres des terres sur le pourtour du marais de l’île au Foin dans le secteur Sheila, à 6 personnes des terres à Windmill Point (Chemin Grand Carey a Six Roads) et à une vingtaine d’autres concessionnaires des terres à La Dune-de-Tracadie. Dix habitants de Tracadie reçoivent même des terres marécageuses situées dans la baie de Tabusintac, situées à presque 20km de Tracadie[7].
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