Jeunesse étudiante acadienne et Corps-école des officiers canadiens, 1941-1964 [1/2]

Philippe Volpé
Institut d’études acadiennes

 C’était à l’occasion de notre chantier de doctorat. Travaillant à l’étude des mouvements étudiants acadiens de la première moitié du 20e siècle, nous nous étions occupé à dépouiller des albums de finissants des universités/collèges classiques d’Acadie. En feuilletant ces publications, c’est avec étonnement que nous avons trouvé dans quelques-unes un « Appel aux armes » adressé à la gent estudiantine. Aux côtés des photographies plus conventionnelles de conseils étudiants, d’équipes sportives, de concours oratoires et de pièces de théâtre, il s’en trouvait d’autres qui, présentant des jeunes au garde-à-vous, vêtus d’habits militaires, bottines cirées aux pieds et carabine en main, détonnaient d’avec les illustrations de leurs confrères engagés dans une représentation des Fourberies de Scapin.

3. CEOC - P. Volpé

Emblème du « COTC » de l’Université Saint-Joseph. Album-souvenir du Collège Saint-Joseph, 1864-1964, s.n., s.l., s.d., p. 38.

Nous ne savions rien à ce moment de ces étudiants ralliés sous cet emblème entrecroisant le drapeau acadien au Red Ensign et surmonté du sigle « COTC ». On ne nous tiendra sans doute pas rigueur de cette méconnaissance. Dans sa récente monographie consacrée au contingent du Canadian Officer’s Training Corps (COTC) de l’Université de Toronto, l’historien Eric McGeer souligne qu’encore à ce jour ces corps universitaires d’entraînement militaire ne font, la plupart du temps, que figure de « caméo » dans les études consacrées aux établissements d’enseignement et aux mouvements étudiants[1]. Cette constatation vaut également pour l’historiographie acadienne qui, au mieux, n’a fait que mentionner leur existence dans le contexte circonscrit de la Seconde Guerre mondiale[2]. Pourtant, les Corps-écoles des officiers canadiens (CEOC) – désignation française des COTC – ont marqué le vécu de centaines d’étudiants acadiens des années 1940 aux années 1960.

Ne nous méprenons pas et soulignons de suite que les contingents du CEOC en Acadie n’ont pas rallié qu’une poignée de jeunes marginaux ou encore d’étudiants exclusivement promis à des carrières militaires. Un aperçu de quelques-uns des étudiants engagés dans ces corps-écoles suffit à en attester : Adélard Savoie, futur recteur de l’Université de Moncton, Sylvestre McLaughlin, président d’une fédération étudiante acadienne et futur homme politique, Léon Thériault, futur historien néonationaliste, et plusieurs présidents d’associations étudiantes et rédacteurs en chef de périodiques étudiants, dont René Cormier, Franklin Delaney et Claude Duguay.

Comment et pourquoi ces corps d’entraînement militaire en sont-ils venus à être fondés en Acadie? Comment ont-ils été reçus et perçus? En quoi consistaient leurs activités? Quels jeunes s’y sont engagés et pourquoi? Quels ont été leurs impacts sur la formation et l’itinéraire des membres? Sans répondre de façon définitive à l’ensemble de ces questions, nous souhaitons en offrir un premier tour de piste. Ce tour d’horizon est divisé en deux billets. Dans ce premier texte, nous abordons l’histoire des CEOC en Acadie, de leur fondation jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le second billet abordera les années subséquentes jusqu’à leur dissolution dans les années 1960.

Aux origines des CEOC en Acadie

Adaptés des British Officer’s Training Corps et importés au Canada au seuil de la Grande Guerre, les COTC/CEOC avaient pour objectif d’offrir une formation militaire à des universitaires qui, sans perturber leurs études en vue de leur occupation future, les mènerait à obtenir un grade d’officier dans les forces régulières/actives ou réservistes/supplétives de l’Armée canadienne. La pénurie d’officiers qu’avait mis en évidence la guerre des Boers s’était avérée particulièrement révélatrice de l’urgence de trouver des moyens pour créer une réserve d’officiers compétents et qualifiés. Le milieu universitaire apparu alors constituer un lieu tout désigné pour y recruter des jeunes intellectuellement aptes à occuper ces fonctions[3].

Même si les COTC/CEOC ont une histoire longue au Canada, qui s’étend du premier conflit mondial au 1er mai 1968, il faut attendre la Seconde Guerre mondiale avant que des contingents soient formés dans des établissements d’enseignement d’Acadie. Ce n’est toutefois pas dire que des jeunes acadiens n’ont pas pu s’engager dans des COTC/CEOC lors de leurs études au Québec, ou encore dans diverses universités anglophones des provinces maritimes où ils avaient été dûment établis à compter de la Première Guerre mondiale[4]. Néanmoins, ce n’est qu’à la suite de pourparlers entre des représentants universitaires et politiques au cours de l’été 1940, alors qu’il est convenu que les universités pourront poursuivre leurs activités académiques conformément à la Loi sur la mobilisation des ressources nationales en autant que tous les jeunes hommes de 18 ans et plus jugés physiquement aptes suivent un entraînement militaire, que des CEOC sont formés. C’est à compter de ce moment que les corps-écoles sont particulièrement convoités dans les établissements où ils n’avaient pas déjà été fondés afin d’encadrer l’entraînement militaire en milieu universitaire[5].

C’est à l’Université Saint-Joseph de Memramcook qu’un premier CEOC acadien est officiellement formé le 20 janvier 1941, sous le commandement du père Guillaume Bruneau. Considérant que l’entraînement militaire était obligatoire depuis l’automne 1940, il ne faut pas conclure de cette fondation tardive à une négligence de la part des autorités universitaires d’Acadie. Il appert que l’afflux de demandent adressées aux autorités politiques et militaires et un manque de coordination sont davantage en cause. De fait, le Collège de Bathurst, alors en voit d’obtenir sa charte universitaire (4 avril 1941), coordonne un premier cours d’entraînement militaire le 22 octobre 1940[6]. Bien que la formation militaire au Collège soit d’ores et déjà dirigée par le professeur J.-Ernest Picot, qui sera effectivement le premier officier-commandant du CEOC de l’Université du Sacré-Cœur, une correspondance du recteur atteste qu’en avril 1941 l’établissement est toujours en attente d’une rétroaction des autorités gouvernementales et militaires pour voir à la formation d’un corps-école à Bathurst[7]. Le CEOC de l’Université du Sacré-Cœur est officiellement mis sur pied à l’automne 1941, alors qu’une première séance d’entraînement est organisée le 17 septembre et que les équipements (uniformes, carabines, casques, etc.) sont reçus en novembre[8].

4. CEOC - P. Volpé

Pelotons du CEOC de l’Université Saint-Joseph. « COTC », The Sword / L’Épée, vol. 2, no 1 (1943), p. 38.

« Nous sommes les privilégiés de la guerre…[9] » : CEOC et Seconde Guerre mondiale

L’enrôlement dans le CEOC est considérable durant la guerre, non seulement parce que les bacheliers de 18 ans et plus sont tenus d’y prendre part, mais aussi en raison de la forte hausse des inscriptions dans les établissements d’Acadie durant le conflit. À l’Université Saint-Joseph, le nombre d’étudiants/élèves double au cours de la première moitié des années 1940, passant de 290 au seuil de la Seconde Guerre mondiale à 604 en 1945[10]. Il en va de même à l’Université du Sacré-Cœur qui, en 1941 seulement, enregistre 136 nouvelles inscriptions, sans compter ses juvénistes. Les administrateurs sont à s’en prendre la tête, ne sachant plus où coucher leurs élèves/étudiants, et entendent bien profiter de l’occasion pour resserrer les rangs de leur établissement en « se défai[sant] des cancres et des indésirables » pour faire comprendre que leur université « n’est pas une pouponnière, ni une maison de réforme[11]. »

Nous ne savons pas en ce moment combien de jeunes ont été engagés dans les trois pelotons du CEOC de l’Université du Sacré-Cœur durant la Seconde Guerre mondiale, mais le contingent de l’Université Saint-Joseph, composé de quatre pelotons, a pour sa part rallié entre 125 et 150 jeunes au long du conflit[12]. Notons que les plus jeunes élèves de ces établissements, notamment ceux inscrits aux premières années du cours classiques (9e-11e année), n’étaient pas en reste de l’entraînement militaire. Un contingent de « Pré-CEOC[13] » est créé au cours de l’année 1941-1942 au Collège Saint-Joseph pour les jeunes volontaires de moins de 18 ans désireux de suivre un entraînement « paramilitaire ». Il en est allé de même à l’Université du Sacré-Cœur où un corps de cadets du Sacré-Cœur, ralliant quelque 175 volontaires, est créé au cours de l’année 1941[14].

Au long de la Seconde Guerre mondiale, les étudiants faisant partie des COEC d’Acadie sont tenus d’accomplir, chaque année, en plus de leur curriculum universitaire, 110 heures de drill, d’assister à des cours donnés par les autorités militaires, de participer à des parades (notamment à l’occasion du jour du Souvenir[15]) et de compléter leur formation annuelle par un stage d’été de deux semaines dans un camp militaire au Island Park Camp de Woodstock ou au camp Utopia de Sussex. Bien qu’initialement l’entraînement militaire des CEOC de Bathurst et de Memramcook soit étalé sur plusieurs jours de la semaine, à compter de 1942-1943 il est condensé en une seule journée, les jeudis, afin de permettre une formation militaire pratique et théorique plus efficace, parce que non interrompue, et aussi afin de la distinguer du reste du cursus universitaire[16].

En contexte de guerre et d’entraînement obligatoire, la vie universitaire est ébranlée durant la première moitié des années 1940. L’aménagement des campus est transformé : tirs sur cibles, sentiers à obstacles, tranchés, Orderly room, présence d’officiers militaires et de chars d’assaut, etc. Même si au moment des premiers entraînements un certain enthousiasme est palpable chez les étudiants qui s’initient à la cadence militaire, les humeurs changent assez tôt. L’entraînement est rigoureux et épuisant, même si certains jeunes se sentent accomplis au terme de leurs longues marches de 10-15 km, pas toujours bien vêtus, durant les mois d’hiver[17]. Comme le note le père Marcel Trembley de Bathurst, l’entraînement s’effectue « avec beaucoup d’ordre et de sérieux. La discipline militaire n’est pas un vain mot, et les grades se méritent[18]. » Les retards et absences, sauf pour motifs médicaux, sont notés et les récalcitrants sont tenus de rattraper le temps perdu[19].

5. CEOC - P. Volpé

Peloton du CEOC de l’Université Saint-Joseph en marche. « COTC », The Sword / L’Épée, vol. 2, no 1 (1943), p. 38.

Le CEOC, « absorba[n]t pratiquement tous [les] loisirs », n’a pas été sans affecter le bon déroulement des activités parauniversitaires, dont celles des associations à vocation intellectuelle[20] et sportive : « il y eut cette année fléchissement du sport chez les grands. Ceux-ci, absorbés par le CEOC, y emploient presque tous leurs moments libres[21]. » Bien que le CEOC de l’Université Saint-Joseph parvient à organiser une ligue de hockey entre ses pelotons et que des joutes de rugby[22] sont exceptionnellement organisées avec d’autres groupes militaires, il est dès lors convenu que les activités extra-universitaires doivent être remisées. Les sports universitaires sont tenus de répondre aux fins des corps-écoles[23] : « all inter-collegiate sports have been cancelled for the duration of the war to enable every student to devote his energy to preparing himself for the army[24]. »

Au cours de la guerre, la jeunesse étudiante acadienne s’oppose largement à la conscription, composant des chansons sur le sujet[25] et se mobilisant, « sans bruit[,] mais énergiquement[26] », pour sensibiliser leurs pairs à l’enjeu. Malgré l’ébranlement de la vie universitaire dû à l’entraînement militaire obligatoire et les tumultes autour de la conscription, les étudiants d’Acadie n’apparaissent néanmoins pas s’être opposés aux CEOC. Encore faut-il comprendre le fondement idéologique de leur opposition à la conscription : l’impératif de liberté de choix n’étant pas antinomique à leur participation à l’effort de guerre ou encore à l’enrôlement volontaire[27].

La jeunesse acadienne se positionne néanmoins contre les critiques les accusant de lâcheté pour se soustraire à leurs « devoirs patriotiques » en cherchant refuge au sein des maisons d’enseignement. Elle répond d’abord à ces critiques en affirmant que la conjugaison d’une formation universitaire et militaire n’est en rien aisée : « C’est dire que la jeunesse de nos collèges ne profite pas de ses études pour mener une vie d’aisance […]. Mais tout de même, ceux qui ont déjà fréquenté le collège admettront volontiers que la conduite simultanée d’un cours d’études et d’un syllabus militaire n’a rien de très reposant. » Il faut aussi dire que pour plusieurs jeunes, l’idée de se sacrifier après avoir consacré nombre d’années à leur formation intellectuelle n’avait rien d’emballant : « Après avoir voué une quinzaine d’années de sa vie, à la formation et au meublement [sic] de son esprit, la perspective d’aller s’exposer comme “chair à canon” sur les champs de bataille étrangers, forme un stimulant peu efficace. »  Ensuite, parce que les sciences sociales sont la plupart du temps en cause dans ces critiques accusant les étudiants de laxismes, les jeunes insistent sur l’important rôle que les spécialistes formés en humanités auront à jouer pour « reconstruire sur des bases durables, un monde épuisé par l’effort surhumain d’une guerre sans nom[28] » : « Si les autres ont contribué à gagner la guerre, nous devons sans doute contribuer à gagner la paix[29]. »

[À suivre]


[1] Eric McGeer, Varsity’s Soldiers: The University of Toronto Contingent of the Canadian Officers’ Training Corps, 1914-1968, Toronto, University of Toronto Press, 2019, p. 15.

[2] Ronald Cormier, Les Acadiens et la Seconde Guerre mondiale, Moncton, Éditions d’Acadie, 1996, p. 67; Marcel Tremblay, 50 ans d’éducation catholique et française en Acadie, Caraquet 1899 – Bathurst 1949, Bathurst, Université du Sacré-Cœur, 1949, p. 249.

[3] Desmond Morton, « Le contingent McGill du Corps-école d’officiers canadiens (COTC) de 1912 à 1968 », Revue militaire canadienne, vol. 10, no 2 (été 2010), p. 37-47; Robert Spencer, « Military Training in an Academic Environment. The University of Toronto Canadian Officers Training Corps, 1914-1968 », Canadian Military History, vol. 18, no 4 (2009), p. 33-50.

[4] Scott Matheson, In the Dust You Will Prevail: The Mobilization of Acadia, Dalhousie, Mount Allison, and St. Francis Xavier Universities, 1914-1918, thèse de maîtrise (histoire), Halifax, Saint Mary’s University, 2010; Daniel Thomas Byers, The Canadian Officers’ Training Corps: Support for Military Training in the Universities of Canada, 1908-1935, thèse de maîtrise (histoire), Wilfrid Laurier University, 1993.

[5] « Military Training for University Students », The Moncton Daily, 6 juillet 1940, p. 4; Eric McGeer, op. cit., p. 6 et 167-168.

[6] Marcel Sormany, « Le service militaire », L’Écho du Sacré-Cœur, novembre 1940, p. 16 et 21.

[7] Lettre du père Simon Larouche au père Albert D’Amours datée du 9 avril 1941, MC4224-MC3, MS11.10, Archives provinciales du Nouveau-Brunswick (APNB), Fredericton.

[8] « COTC », L’Écho du Sacré-Cœur, novembre 1941, p. 11 et 22; « Juillet 1941-1942. Au fils des jours », p. 138, MC4224-MC3, MS 5.3.1, APNB.

[9] Lettre de Eugène [Cormier] au Père Clément Cormier datée du 30 juin 1944, Fonds 177.181, CEAAC.

[10] Pour le taux d’inscriptions, voir les prospectus de l’Université Saint-Joseph.

[11] Procès-verbal du Conseil de l’Université du Sacré-Cœur du 20 mars 1941, MC4224-MC3, MS6.2.1.2, APNB.

[12] « St. Joseph’s Univ. Opens for Season », Moncton Daily Times, 3 octobre 1944, p. 5.

[13] « Pré-CEOC », Prospectus de l’Université Saint-Joseph, 1942-1943, p. 61-62.

[14] « Juillet 1941-1942. Au fils des jours », p. 137-140, Fonds MC4224-MC3, MS 5.3.1, APNB.

[15] François Jean, « Remembrance Day », L’Écho du Sacré-Cœur, décembre 1941, p. 13.

[16] A. A., « Réorganisation du CEOC », Liaisons, septembre-octobre 1942, p. 11; Kenneth Burns, « COTC », Liaisons, janvier-février 1943, p. 9; « COTC is Inspected and Praised », Moncton Transcript, 24 février 1943, p. 8.

[17] Esdras Nadeau, « Impressions de marche », Liaisons, janvier-février 1943, p. 9; « Juillet 1942-1943. Au fil des jours », p. 183, MC4224-MC3, MS 5.3.1, APNB.

[18] Marcel Tremblay, op. cit., p. 249.

[19] « COTC Is Reorganized », Moncton Transcript, 12 octobre 1943, p. 11.

[20] Adélard Savoie, « Nos activités estudiantines », Liaisons, 10 juin 1941, p. 6.

[21] Fernand Nadeau, « Les sports », Liaisons, janvier-février 1942, p. 9.

[22] « St. Joseph’s Squad Plays Chatham », The Moncton Daily Times, 26 octobre 1943, p. 2.

[23] « COTC » et « The Track Season », The Sword / L’Épée, vol. 2, no 1 (1943), p. 44 et 45.

[24] « Military Training for University Students », The Moncton Daily, 6 juillet 1940, p. 4.

[25] Lettre de P. Marcel Poulin à Gérard Pelletier datée du 22 mars 1942, Fonds P65, boîte 81, Bibliothèque et archives nationales du Québec (BANQ), Montréal.

[26] Lettre de Martin-J. Légère au Père Lalande datée du 22 avril 1942, Fonds P65, boîte 81, BANQ.

[27] Ronald Cormier, op. cit., p. 36.

[28] Adélard Savoie, « Les étudiants et la guerre », Liaisons, janvier-février 1943, p. 3; Adélard Savoie, « Transformations apportées par la guerre aux sciences sociales et portée de ces transformations dans la pratique des sc. sociales », Fonds 104.11, CEAAC.

[29] Adélard Savoie, « Discours d’adieu », 1945, Fonds 104.2, CEAAC. Voir aussi Paul-Émile Poirier, « Notre attitude », Liaisons, novembre-décembre 1941, p. 4; Le rédacteur, « Après-guerre d’étudiants », L’Écho du Sacré-Cœur, 15 novembre 1945, p. 1.

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